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Tax shift: prendre d'une main ce que l'on donne de l'autre? Le Premier ministre répond en direct

 
 

Le Premier ministre était l'invité du RTLinfo 19H. Interrogé par Michel De Maegd, Charles Michel explique comment le gouvernement compte soutenir la création d'emploi et le pouvoir d'achat alors que de nombreuses augmentations de taxe ont été annoncées.

Le gouvernement a bouclé ce matin l'accord sur le budget et un virage fiscal, appelé "tax shift", visant à alléger le coût salarial. Le Premier ministre estime que les augmentations des accises et de la TVA sur l'électricité seront largement compensées par une hausse du salaire poche.


Au bout du compte, vous augmentez les bas et moyens salaires, mais dans le même temps vous taxez de nombreux produits. N'est-ce pas prendre d'une main ce que l'on donne de l'autre?

Charles Michel: Non absolument pas, ce que nous faisons c'est baisser la charge fiscale de manière globale, qui pèse sur les personnes qui travaillent, sur les contribuables. Le deuxième point très important c'est que nous redistribuons, puisque nous essayons de faire en sorte que ce soient les bas et les moyens salaires qui travaillent qui soient les grands gagnants de cette réforme fiscale. C'est important pour encourager le travail et pour créer un différentiel. Je crois que lorsqu'on travaille on doit gagner plus que quand on ne travaille pas.


Mais les taxes vont toucher les bas et moyens salaires que vous visez, non?

Mais pas avec la même ampleur, puisque si je prends l'exemple de l'électricité, mon prédécesseur disait lui-même que l'électricité à 6% avait un impact autour des 100 € par an, mais nous, nous parlons d'un gain de 100 € par mois. Dans les faits, ça représente une sorte de treizième mois pour les bas salaires, et ça c'est historique, ça ne s'est plus produit en Belgique depuis longtemps. L'autre aspect concerne la baisse des charges à l'embauche, pour que les petites et moyennes entreprises puissent embaucher davantage.


Vous dites de l'augmentation du diesel qu'il s'agit d'une mesure environnementale. En revanche aucune mesure sur les voitures de sociétés, ce n'est pas un paradoxe?

Non parce que les voitures de sociétés représentent dans beaucoup de cas une forme de salaire, une partie du salaire.


Oui mais sur l'argument environnemental.

Nous voulons continuer à soutenir cette forme de pouvoir d'achat. Nous avons un problème en Belgique depuis de nombreuses années, c'est que nous avons un parc automobile diesel qui a trop été soutenu au travers des accises. Ce que l'on va faire, de façon très progressive, c'est aller vers une forme d'harmonisation. Ce qu'il faut aussi signaler, c'est que cette harmonisation suppose qu'on baisse également les accises sur l'essence, pour rapprocher progressivement les accises entre diesel et essence.


On vous a entendu marteler les 3 priorités du gouvernement: "emploi, emploi, et emploi"... Combien d'emplois espérez-vous créer?

Moi je veux agir. L'emploi ne tombe pas du ciel. On peut prendre des mesures pour changer les choses, et nous sommes déterminés à le faire.


Vous avez tout de même des estimations non?

Des bureaux d'étude annoncent des dizaines de milliers d'emplois supplémentaires. Mais je n'ai pas l'intention, moi, de ne pas être sérieux. Et je ne vais pas annoncer un chiffre, puisque ce n'est pas un gouvernement qui crée des emplois, ce sont les entreprises. Le gouvernement peut prendre des mesures pour favoriser la capacité des entreprises à investir et grandir. Mais vous savez, 7,2 milliards que l'on injecte dans le développement économique et la compétitivité dans un laps de temps très court, c'est regardé par le reste de l'Europe et par les investisseurs de manière très favorable. Donc je suis convaincu que nous allons créer beaucoup d'emplois.


Mais vous n'avez en fait aucune garantie de créer de l'emploi. Le syndicat libéral lui-même affirme ce soir que "vous signez un chèque en blanc aux employeurs".

C'est un raisonnement erroné, parce que quand on voudrait essayer d'imposer une forme de conditionnalité, et donc baisser les charges à condition que des emplois soient créés, en fait on ferait quelque chose de curieux. On subventionnerait ou on soutiendrait des secteurs qui se portent bien et qui peuvent embaucher. On doit prendre en compte le fait qu'en diminuant les charges on évite des destructions d'emplois. Il y a parfois eu dans notre pays des destructions d'emploi suite à des restructurations fort sévères. Et puis surtout on libère des moyens économiques pour que des entreprises puissent investir dans la recherche, dans l'innovation, dans du nouveau matériel, pour faire grandir l'activité. Cela permettra au final de subventionner nos pensions et nos soins de santé. La démarche la plus sociale qui soit c'est de créer de l'emploi pour financer notre protection sociale.


Et ce soir vous faites confiance aux entrepreneurs pour créer ces fameux emplois?

Je suis convaincu que la plupart des entrepreneurs ont envie d'investir. Et la plupart des entrepreneurs, s'ils ont la capacité de développer leur activité, conquérir de nouveaux clients, et donc embaucher, ont envie de le faire. Et nous essayons de créer un contexte pour soutenir cette démarche-là.


 

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