Après avoir refusé la mise en place d'une telle commission sur le scandale Publifin alors que l'opposition Ecolo/MR la réclamait, le PS a finalement décidé d'accéder à cette demande. Le cdH en a fait de même. Les deux partis de la majorité wallonne l'ont annoncé à l'issue de leurs bureaux politiques respectifs.
Le président du PS Elio Di Rupo a annoncé ce lundi sur Twitter qu'il demandait une commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur les dessous du scandale Publifin. "Il faut de la sérénité pour faire toute la transparence sur l'affaire Publifin: le PS demande dès lors une commission d'enquête. La composition de la commission doit garantir la totale indépendance de chacun de ses membres et éviter tout soupçon de conflit d'intérêt. Tout parlementaire lié de près ou de loin, directement ou indirectement, à titre personnel ou par sa commune, ne peut y participer", a-t-il écrit sur le réseau social.
Contrairement à la commission spéciale qui a débuté vendredi par une audition peu concluante du mandataire PS André Gilles, la future commission d'enquête parlementaire permettra à ses membres de disposer de pouvoirs identiques à ceux d'un juge d'instruction. Toutes les personnes concernées par l'affaire que la commission voudra entendre seront obligées de venir s'expliquer.
La présidence de la commission d'enquête devrait revenir à un député socialiste. Les règles de dévolution répartissant entre groupes politiques reconnus du parlement wallon les présidences des commissions désignent le PS comme parti qui fournira le président de la commission d'enquête parlementaire Publifin, a-t-on appris auprès des services du greffe de l'assemblée.
Le cdH suit le PS: "Nul ne peut se soustraire à la vérité", justifie Benoît Lutgen
Le cdH, allié du PS au gouvernement wallon, a également annoncé se joindre à la demande d'une commission d'enquête parlementaire. "Nul ne peut se soustraire à la vérité. Une commission d'enquête y contraindra chacun", a tweeté le président du parti, Benoît Lutgen.
André Gilles et Stéphane Moreau suspendus momentanément de leurs mandats internes au parti
D'autre part, "le Bureau du PS confirme la saisine de son conseil de déontologie et de sa commission de vigilance nationale au sujet du dossier Publifin. Dans l'attente du résultat des travaux de ces instances, Stéphane Moreau et André Gilles sont suspendus de leurs mandats internes", annonce le PS sur son compte Twitter.
Une audition peu convaincante d'André Gilles
Actuellement, une simple commission spéciale - dépourvue de plusieurs pouvoirs d'instruction dont peut bénéficier une commission d'enquête pour exiger la production de documents, l'audition de témoins voire des perquisitions - a été mise en place au parlement wallon, malgré l'insistance de l'opposition (MR, Ecolo, PTB, Droite citoyenne). La Justice, quant à elle, a ouvert une information judiciaire.
Autre spécificité de la commission d'enquête, seuls les membres effectifs peuvent y prendre la parole. Les groupes non reconnus comme Ecolo ou le PTB (sous le seuil des cinq députés) pourraient ne pas pouvoir y poser leurs questions si le nombre de députés effectifs de la commission spéciale (12) est préservé. Le Bureau envisageait donc de relever ce chiffre.
Des signes que le PS et le cdH allaient basculer
Le PS avait déjà entrouvert la porte la semaine dernière à une commission d'enquête, notamment par la voix du ministre-président wallon, Paul Magnette. Le président du cdH Benoît Lutgen avait fait de même un peu plus tôt. Mais socialistes et centristes préféraient la souplesse d'une commission spéciale pour, disaient-ils, avancer rapidement sur l'affaire Publifin. Ils avaient donc rejeté la demande d'Ecolo et du MR de créer une commission d'enquête, s'attirant les foudres de la presse et des réseaux sociaux.
Le changement d'attitude des deux partis de la majorité régionale fait suite à l'audition vendredi du président de Publifin André Gilles (PS) qui, selon les députés, n'a pas répondu à plusieurs questions essentielles liées au scandale des rémunérations excessives de mandataires publics, ainsi qu'à un durcissement de ton ce week-end au cdH, partenaire de la coalition gouvernementale en Wallonie.
"Nous avons eu des réponses et des non réponses. Je n’ai pas été pleinement satisfait, c’est le moins qu’on puisse dire, de cette première audition" d’André Gilles, avait annoncé ce matin Patrick Prévot, le député wallon PS et membre de la commission spéciale, au micro de Bel RTL. "Si on se heurte à des soucis majeurs, si on se heurte systématiquement à la langue de bois et à des réponses qui n’en sont pas, ma volonté étant de faire toute la clarté, dès lors on utilisera tout l’arsenal disponible et ça pourra déboucher sur une commission d’enquête", avait-il déclaré. C'est donc finalement son chef de parti qui en a décidé.
André Gilles devait être à nouveau entendu ces lundi et mardi en commission spéciale.
Aucun Liégeois dans la commission d'enquête
Le chef de groupe MR au parlement wallon, Pierre-Yves Jeholet, a accepté de ne pas participer à cette commission d'enquête, a-t-il annoncé dans les couloirs du parlement. "Il faut de la sérénité pour les débats, et si l'on croit que la présence de Liégeois ou de représentants des Liégeois pose problème, je n'en ferai pas partie", a indiqué M. Jeholet, député-bourgmestre de Herve. Il ajoute se réjouir de la décision du PS et du cdH et confirme la "détermination" de son parti à aller au bout des choses. M. Jeholet était, avec le chef de groupe PS Christophe Collignon, député-bourgmestre de Huy, le seul membre de la commission spéciale Publifin élu en province de Liège. Conformément à la décision des deux partis de la coalition gouvernementale wallonne, il ne siégera pas non plus dans la commission d'enquête. MM. Jeholet et Collignon ont fait l'objet ces derniers jours de plusieurs articles de presse pointant du doigt la proximité de membres de leurs familles respectives avec des dirigeants de Publifin/Nethys.
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