En ce moment
 
 

Charles Michel est nommé président du Conseil européen

 
 

Le Premier ministre belge Charles Michel, élu mardi soir par ses homologues européens pour présider leur cénacle du Conseil, a soigné ces dernières années son profil européen, tant dans les institutions que par une diplomatie informelle active. Lui-même se définit comme "un Européen engagé, mais pas un Européen naïf et béat." A 43 ans, le chef du gouvernement démissionnaire est appelé à devenir, le 1er décembre prochain, le plus jeune président du Conseil européen et le premier libéral à cette fonction, occupée par un Belge pour la deuxième fois en trois mandats, après Herman Van Rompuy, qui l'a inaugurée il y a dix ans, et l'actuel président, le Polonais Donald Tusk.

Un tweet a été intégré à cet endroit.
Vous devez accepter les cookies de réseaux sociaux et le partenaire 'twitter' pour afficher ce contenu.

Michel face au couple Hollande-Merkel

Dès son entrée en fonction au 16 rue de la Loi en octobre 2014, Charles Michel a cherché à porter haut la voix de la Belgique, dont il proclame "le retour dans le cockpit" européen. Et ce, bien qu'il gouverne à l'échelon national avec la N-VA, une formation associée aux eurosceptiques au Parlement européen. En 2015, le Belge s'offre un premier coup d'éclat lors d'un Sommet européen, après une réunion informelle sur la crise grecque qui rassemblait l'Allemagne et la France, mais pas les autres membres du Conseil. "Je suis en colère, c'est une erreur dans la méthode" de travail, avait alors lancé le Premier ministre, suscitant une grande attention médiatique. "Le gouvernement belge n'a donné de mandat ni à la France ni à l'Allemagne pour négocier en son nom", avait lancé le libéral, défiant le couple conservateur-socialiste Merkel-Hollande. M. Michel entretiendra toutefois toujours de bonnes relations avec la chancelière allemande, qui lui a aussi donné son blanc-seing ce mardi.

Soutien à Macron

A l'automne 2016, il revient sur le devant de la scène européenne, mais cette fois dans une position beaucoup plus inconfortable vis-à-vis de ses homologues du Conseil. La Belgique empêchait alors l'Union européenne de signer le CETA, le traité de libre-échange entre l'UE et le Canada, en raison de l'opposition des entités fédérées francophones, Wallonie en tête. La crise sera finalement résolue grâce à un compromis intra-belge auquel il apportera son concours. L'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée en mai 2017 lui permettra rapidement d'afficher sa proximité avec le très pro-européen président français, au profil centriste-libéral. M. Michel plaidera à plusieurs reprises pour qu'un "nouvel élan" soit donné à l'Europe, n'hésitant pas à soutenir ouvertement M. Macron dans certains de ses projets de réforme de l'UE. Voulant se profiler comme un bâtisseur de ponts dans les discussions européennes, tout en défendant l'idée d'une Europe à plusieurs vitesses à travers des coopérations renforcées, le Belge ira jusqu'à rassembler une dizaine de dirigeants de l'UE pour un dîner informel à la veille d'un sommet en 2018. En fin d'année, il reçoit le soutien des institutions de l'UE dans sa volonté de soutenir le Pacte de l'Onu sur les migrations, contesté par une N-VA qui fera chuter son gouvernement sur ce texte.

Du pain sur la planche attend Charles Michel

Lorsque les épineuses discussions sur les hautes fonctions européennes s'engagent, Charles Michel est désigné coordinateur pour les libéraux européens, avec son homologue néerlandais Mark Rutte. Cette fonction de "sherpa" l'amènera à organiser plusieurs rencontres informelles avec les représentants des autres familles politiques engagées dans le processus, qui conduira au final à sa propre désignation à la présidence du Conseil. La principale mission de cette fonction est de forger des compromis entre les intérêts des vingt-huit Etats membres, en vue des sommets européens. Lorsqu'il prendra la place de Donald Tusk, Charles Michel sera immédiatement plongé au coeur des grands débats du moment, comme le Brexit, qui pourrait avoir livré un verdict fin octobre. Autre sujet sensible, la répartition des centaines de milliards d'euros de la programmation budgétaire 2021-2027, que les chefs d'Etat et de gouvernement espèrent boucler avant la fin de l'année. Un travail de titan, qui avait déjà coûté plusieurs nuits blanches à Herman Van Rompuy.


 

Vos commentaires