En ce moment
 
 

Triple assassinat de Visé: les avocats de Troiano le comparent à Patrick Dils et affirment que le tribunal et la presse se sont acharnés contre lui

Triple assassinat de Visé: les avocats de Troiano le comparent à Patrick Dils et affirment que le tribunal et la presse se sont acharnés contre lui
 
 

La défense d'Amédeo Troiano a soutenu mardi après-midi lors de sa plaidoirie devant la cour d'assises de Liège que son client est innocent des faits qui lui sont reprochés. Un des avocats de l'accusé a critiqué les parties civiles, l'avocat général et la presse en affirmant que son client est victime d'une campagne dénigrante et acharnée. Il a évoqué le spectre de l'erreur judiciaire en comparant son client à Patrick Dils.

"Rendre la justice n'est pas offrir un coupable aux victimes"

Amédeo Troiano est suspecté d'avoir commis les assassinats de Benoît Philippens (36 ans), de son épouse Carol Haid (38 ans) et du filleul de cette dernière, Esteban Counet (9 ans) le 18 avril 2014 à Visé. L'avocat général Schils et les différentes parties civiles avaient énoncé lors de leurs interventions tous les éléments qui constituent à leurs yeux un faisceau de présomptions graves, précises et concordantes. Un des avocats d'Amédeo Troiano, Me Philippe Zevenne, a soutenu devant le jury que son client a été victime d'une campagne de dénigrement bafouant la présomption d'innocence. "Rendre la justice n'est pas offrir un coupable aux victimes", a plaidé l'avocat.

"Il a un cœur de lapin dans un corps de colosse"

Il a ensuite comparé son client à Patrick Dils, condamné à perpétuité pour les homicides de deux enfants puis innocenté 15 ans plus tard. L'avocat a également cité le nom de Ricky Jackson, un Américain innocenté 39 ans après sa condamnation, alors qu'il se trouvait dans le couloir de la mort. Selon la défense, il faut se méfier de préjugés et des raccourcis formulés contre Amédeo Troiano, car l'image qui est renvoyée de lui ne correspond pas à la réalité. "Il a un cœur de lapin dans un corps de colosse", a affirmé l'avocat.

"Si on essaye à ce point de salir son image, c'est qu'on n'est pas sûr de soi"

Me Zevenne a critiqué toutes les parties concernées par le procès. Il a affirmé que les enquêteurs ont travaillé à charge en tirant des conclusions trop rapides. L'avocat a critiqué le juge d'instruction qui n'aurait pas effectué des devoirs à décharge. Il a critiqué l'avocat général en l'accusant de pratiquer du conditionnement pour que les jurés aient une image négative de l'accusé. "Si on essaye à ce point de salir son image, c'est qu'on n'est pas sûr de soi", a-t-il indiqué. Le conseil de l'accusé a encore affirmé que les parties civiles ont pratiqué une rhétorique verbeuse et fumeuse, sans analyser les éléments du dossier.

L'avocat de la défense s'est montré plus clément à l'égard du passé judiciaire de son client. Il a relevé ses deux condamnations en 2004 et 2005 pour une tentative de vol avec violence et un car-jacking. "Mais sa vie ne se résume pas à ces deux condamnations. Cela lui donne tout au plus un casier de délinquant, ce n'est pas du grand banditisme", a prétendu l'avocat.

La défense a insisté sur le fait que Carol Haid n'a pas reconnu son agresseur

Sur le fond du dossier, la défense a insisté sur le fait que Carol Haid n'a pas reconnu son agresseur. Avant de décéder, elle avait effectué cette précision à une secouriste. Selon Me Zevenne, la cible du tireur était exclusivement Benoît Philippens. Carol Haid et Esteban Counet n'auraient pas dû perdre la vie. La défense a critiqué les analyses scientifiques qui ont été réalisées, comme la prise des empreintes. Selon Me Zevenne, la description du fuyard réalisée par un témoin ne correspond pas à Troiano. La voiture de fuite pourrait être une Mercedes et non pas une BMW. L'enquête réalisée sur les autres pistes a cessé en septembre 2014. "Toutes les portes n'ont pas été fermées. Le travail des enquêteurs a été réalisé exclusivement à charge", a soutenu la défense.

Me Zevenne a également critiqué l'une des victimes. "Il fréquentait des hôtels de passe et avait de nombreuses maîtresses. Il commettait du harcèlement moral et sexuel. Il avait un comportement dangereux pour autrui et pour lui-même. Ne serait-il pas allé une fois trop loin? ", a interrogé l'avocat. La défense a critiqué tous les éléments du dossier et a soutenu que le doute devait profiter à son client.


 

Vos commentaires