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Jean-Louis Denis, tout sourire, condamné à 10 ans de prison pour avoir dirigé une cellule terroriste et convaincu 11 jeunes de partir en Syrie

 
 

L'homme, son épouse et 11 autres personnes étaient poursuivies pour avoir incité des jeunes à partir en Syrie. Finalement, le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné Jean-Louis Denis, dit "le soumis", à une peine de 10 ans d'emprisonnement pour participation aux activités d'un groupe terroriste, en tant que dirigeant. Son épouse, par contre, a été acquittée.

La 70e chambre du tribunal correctionnel a prononcé ce vendredi matin son jugement dans l'affaire de terrorisme dans laquelle était prévenu notamment Jean-Louis Denis, dit "le soumis". Cet homme, son épouse, Mohamed Khemir et Mickaël Devredt étaient jugés pour avoir incité de jeunes Belges musulmans à partir faire le djihad armé en Syrie en 2013. Plusieurs des jeunes effectivement partis là-bas étaient également prévenus, mais la plupart faisaient défaut.


En un an, il a convaincu 11 jeunes gens de partir en Syrie

D'après Dominique Dumoulin, qui suit le procès pour RTLINFO et cite le jugement, l'homme est bien le dirigeant d’une organisation terroriste. "Jean-Louis Denis a propagé des discours appelant au djihad, et d’autres incitant à la haine raciale. En un an, il a convaincu 11 jeunes gens de partir en Syrie, en utilisant notamment les moyens de communication contemporains, à savoir Facebook et Youtube. Jean-Louis Denis a organisé le départ de ces jeunes vers les zones de combat, sur place il a continué à les assister et plusieurs de ces jeunes gens sont morts en Syrie", rapporte notre spécialiste en terrorisme de la lecture du jugement de 122 pages, qui a eu lieu ce matin devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.


Un grand sourire

"Sur le banc des prévenus, Jean-Louis Denis affiche la plupart du temps un grand sourire, il hoche la tête, il marmonne de temps en temps, lorsque le président lit certains de ses propos les plus extrêmes. Il faut noter qu’avant d’examiner les préventions, le jugement avait évacué la thèse de la provocation policière qui avait été développée par la défense." 

Dans la salle, notre journaliste a constaté la présence de quelques parents de jeunes djihadistes partis en Syrie: "Des parents qui attendaient de pouvoir mettre un nom sur le recruteur de leur enfant. C’est chose faite, désormais. Selon la justice, c’est bien Jean-Louis Denis".


15 ans requis

La procureure fédérale Paule Somers avait requis des peines de 2 à 15 ans de prison dans ce dossier, à l'encontre des quelque 10 personnes prévenues. Celle-ci avait notamment requis une peine de 15 ans de prison à l'encontre de Jean-Louis Denis. La magistrate considère que cet homme a agi comme le dirigeant d'une cellule terroriste à Bruxelles en incitant des jeunes à partir faire le djihad en Syrie. Elle avait également requis une peine de 12 ans de prison à l'encontre de Mickaël Devredt, appelé "Abu Rayan", qui est lui aussi prévenu d'avoir été dirigeant de cette cellule terroriste. Elle avait encore requis une peine de 1 ans de prison à l'encontre de Mohamed Khemir dit "le Tunisien" et une peine de8 ans de prison à l'encontre de l'épouse de Jean-Louis Denis, estimant également que ces deux personnes avaient agi comme dirigeants de la même cellule terroriste. 


Il prend 10 ans de prison

Finalement, le tribunal a condamné Jean-Louis Denis à une peine de 10 ans d'emprisonnement pour participation aux activités d'un groupe terroriste, en tant que dirigeant. Le tribunal a parlé de "rôle néfaste de gourous autoproclamés tels que Jean-Louis Denis auprès de jeunes en quête de repères et qui ont une connaissance limitée de leur religion". Il a précisé que Jean-Louis Denis était "au centre de la filière" et qu'"il a attiré de nombreux jeunes en se rendant sympathique auprès d'eux pour ensuite susciter leur révolte en inventant des ennemis fantasmés". Il a poursuivi en affirmant que les jeunes avaient vu Jean-Louis Denis comme le "héros auquel ils aspiraient ressembler" et que cet homme leur avait présenté le djihad comme un devoir pour tout musulman, qu'il les avait éloignés de leur milieu familial et encouragés à rejeter l'autorité parentale. 


5 à 15 ans de prison pour les autres

Le tribunal a ensuite condamné Mohamed Khemir et Mickaël Devredt à des peines de 5 ans de prison, disqualifiant pour eux la prévention de dirigeant d'une filière terroriste en membre d'une filière terroriste. Les juges ont accordé une mesure de sursis sous conditions à Mickaël Devredt mais pas à Mohamed Khemir qui a, selon eux, minimisé son ancrage dans la mouvance djihadiste. Le tribunal a ensuite condamné six prévenus à des peines de 5 ans de prison également, et trois autres à des peines de 15 ans de prison, par défaut. Ces prévenus avaient rejoint les zones de combat en Syrie, entre 2013 et 2014. Ils s'y trouveraient toujours ou y seraient décédés.


Sa femme et un jeune repenti acquittés

Enfin, le tribunal a acquitté l'épouse de Jean-Louis Denis qui était prévenue d'avoir, comme son mari, dirigé la filière. Les juges ont relevé qu'il n'y avait dans le dossier aucune preuve d'une déclaration que celle-ci aurait faite concernant le djihad armé ou de contacts qu'elle aurait eus avec le milieu de l'islam radical.

Le tribunal a aussi accordé la suspension simple du prononcé à l'égard d'un jeune qui était prévenu dans ce dossier pour avoir rejoint la Syrie en 2013. Le jeune homme était, à l'époque, élève dans une école de Vilvorde. Il avait eu des contacts avec Jean-Louis Denis et d'autres hommes qui étaient partis en Syrie peu avant. Néanmoins, une fois là-bas il avait rapidement voulu partir. Il avait pu quitter la Syrie avec l'aide de la police turque, dont de hauts fonctionnaires font partie des relations de son père, un Bruxellois originaire de Turquie. Le tribunal a tenu compte du fait que ce prévenu avait totalement rompu ses liens avec le djihadisme et qu'il avait brillamment entamé des études de traducteur à l'ULB.


L'affaire a débuté en 2013

L'enquête à charge du prédicateur musulman converti âgé d'une quarantaine d'années avait débuté en avril 2013, lorsque deux élèves de l'Athénée Fernand Blum à Schaerbeek étaient partis en Syrie. Les deux jeunes, mineurs, avaient été signalés à plusieurs reprises comme faisant partie de l'entourage du prédicateur. Ils avaient notamment participé à la distribution de nourriture que Jean-Louis Denis organisait à la gare du Nord via son association "Resto du Tawhid". Cette association se présentait comme bienfaisante pour mieux convaincre ses recrues. Jean-Louis Denis et ses acolytes y distribuaient gratuitement des repas aux pauvres, près de la gare du Nord. Une activité durant laquelle ils se livraient à du prosélytisme et à la propagation de discours religieux haineux. Jean-Louis Denis tenaient des prêches le samedi durant lesquelles il incitait les personnes venues aider à la distribution de vivres à partir en Syrie. En décembre 2013, Jean-Louis Denis avait été arrêté, puis, quelques semaines plus tard, Mohamed Khemir et Mickaël Devredt.


 

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