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Travailler 6h par jour sans perte de salaire: cette expérience testée par des infirmières est-elle rentable ?

Travailler 6h par jour sans perte de salaire: cette expérience testée par des infirmières est-elle rentable ?
 
 

Dans sa séquence économique ce vendredi matin sur Bel RTL, Bruno Wattenbergh a évoqué la réduction du temps de travail. Il a également parlé des robots et du chômage, les uns étant la cause de l'autre...

Une expérience de réduction du temps de travail à 6 heures par jour, sans perte de salaire, vient de se terminer à Göteborg en Suède. Elle a duré deux ans, quelles conclusions peut-on tirer de celle-ci ?

D’abord et surtout, mais ce n’est pas une surprise, que les travailleurs, 68 infirmières d’une maison de retraite, qui ont participé au projet pilote, sont enthousiastes. Elles ont eu plus de temps pour leur vie privée, mais elles se sont également senties plus productives. Leur absentéisme a diminué. Quant aux patients, ils ont ressenti une amélioration des soins. Bref, aux niveaux humain et opérationnel, l’expérience est plus que concluante.

Ensuite, que la productivité n’a pu compenser les heures de travail perdues à cause de la réduction du temps de travail. Il a donc fallu engager 17 personnes supplémentaires, ce qui a coûté 1,3 millions d’euros à la municipalité qui gère l’institution pour personnes âgées.

Mais il y a eu 17 nouveaux emplois créés ?

En effet, et donc presque un demi-million d’euros ont été économisé grâce à l’engagement de ces personnes qui étaient au chômage. Résultat, l’opération est fortement déficitaire. Quelqu’un, le patient ou le contribuable doit donc, à court et moyen terme, financer cette diminution du temps de travail sans perte de salaire.

Pourquoi uniquement à court et moyen terme ?

Parce qu’à long terme, il y a d’autres bénéfices à ces réductions du temps de travail. En termes de santé par exemple. L’absentéisme médical représente une charge croissante pour l’entreprise et la société au fur et à mesure que le travailleur devient plus âgé. A fortiori pour les métiers pénibles. Et ici, c’est un métier pénible, avec des horaires de nuit, des manipulations de personnes, une pression morale également, des risques sanitaires. Bref, il est plus que probable que cette réduction du temps de travail permette de maintenir plus longtemps et en bonne santé des travailleurs dans la vie active. Ce qui est une des manières de financer la sécurité sociale et de préserver notre modèle social, dans un contexte de vieillissement de la population.

Quelles conclusions pouvez-vous tirer de cette expérience ?

Qu’elle est idéale humainement. Non finançable en l’état, que ce soit dans le privé soumis à la concurrence internationale, mais aussi on l’a vu dans le secteur des services ou du public, car in fine quelqu’un doit payer les heures non prestées. Mais par contre, proposer, voire imposer ces réductions de temps de travail en fin de carrière pour favoriser l’emploi des jeunes et la transmission du savoir me paraît une excellente solution. Autre solution: faciliter le temps partiel avec une perte de salaire minimale peut convenir à des travailleurs dont l’appartement ou la maison est payée, dont les enfants sont plus grands et qui ont plus envie de vivre tranquille que de gagner plus d’argent.

Votre chiffre économique du jour illustre la manière dont les robots peuvent remplacer les travailleurs ?

131 … Un assureur-vie japonais va remplacer plus de trente de ses 131 employés par des robots grâce à un programme d'intelligence artificielle. Un programme qui va lui permettre de calculer les indemnités attribuées aux assurés. Bénéfice pour l’entreprise: une augmentation de la production de 30% et une économie d’1 million d'euros par an. Pour vous donner une idée, l’investissement dans ces robots sera amorti en deux ans à peine.

Quelle technologie est-elle utilisée par ces robots ?

Elle se base sur le système Watson de la firme IBM. Watson est un programme informatique d'intelligence artificielle conçu pour répondre à des questions formulées en langage naturel, à savoir une mécanique cognitive qui permet de penser presque comme des humains, ce qui est la manière la plus naturelle d’introduire un robot dans une entreprise.

Et vous en pensez quoi ?

Et bien que plus que jamais les robots vont remplacer les travailleurs, pas uniquement dans l’industrie, mais aussi dans les services. Et qu’il faut espérer que notre pays soit de plus en plus actif dans la fabrication de ces robots !


 

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