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Les Belges achètent de moins en moins bio et en circuit court: voici pourquoi

Les Belges achètent de moins en moins bio et en circuit court: voici pourquoi
 
 

Depuis plusieurs années, nous avions l’habitude de lire, d’entendre que le bio alimentaire était un des secteurs alimentaires qui connaissait la plus forte croissance. Jugez plutôt : la croissance du bio a atteint 17,9% en 2019 et 15,4% en 2020. Mais ce n’est plus vrai aujourd’hui et les produits alimentaires bio semblent être en grande difficulté.

Sur la période de février 2021 à février 2022, les produits laitiers perdent 9% en volume et 13% en valeur. Quant à la sous-catégorie « épicerie » – fruits et légumes en conserve, plats préparés, riz, pâtes, sauces, pâtes à tartiner, soupes, épices, céréales, huile, condiments – elle recule de 2,8% en volume et de 7,2% en valeur.

Attention cependant : ici on ne parle pas des fruits et légumes bios, qui eux restent stable ou baissent juste un peu.

Une stabilisation pas anormale

Il faut nuancer ce constat qui peut paraître alarmiste.

D’abord, on l’a vu, les fruits et légumes bio restent plus ou moins stables et c’est finalement le plus importants pour ceux qui respectent la pyramide alimentaire.

Ensuite, le bio avait connu une telle croissance qu’il n’est pas anormal que cette croissance se stabilise.

La faute à la baisse du pouvoir d'achat

Surtout dans les circonstances actuelles où le Belge est touché durement dans son pouvoir d’achat. On en parle depuis deux semaines, le Belge a commencé à arbitrer entre ses achats. Il est plus attentif à ce qu’il achète pour protéger son budget. Il adopte un comportement d’achat plus conservateur, axé sur le prix et la sécurité. D’autant plus que le contexte actuel a repoussé les enjeux environnementaux au second plan.

Des chiffres uniquement issus des supermarchés

Enfin, dans ces chiffres que je viens de vous donner, on ne tient pas compte des circuits courts et des magasins spécialisés : ces chiffres concernent les supermarchés. Si ceux-ci reflètent une tendance de fond, il est bien possible que dans les plus petits commerces, à priori spécialisés, la baisse soit moins importante. On doit l’espérer car il serait détestable qu’une partie de ces magasins, confrontés à la hausse de leurs charges, disparaissent.

Le soufflé des circuits courts retombe

Pour la distribution en circuit court, qui avait aussi fortement augmentée au plus fort de la pandémie, le soufflé semble bien être retombé. Selon les témoignages, notamment dans le journal Le Soir, les coopératives auraient perdu entre 80 et 65% des nouveaux clients fraichement convertis lors de la crise du Covid.

Cette désillusion est comparable à celle des jeunes maraichers qui s’étaient lancés il y a 3 ou 4 ans et qui ont découvert qu’il était très difficile de manger autre chose que leur production à la fin du mois.

Un manque de connaissance des dessous du métier

Je pense aussi que beaucoup d’acteurs ont sous-estimé tout ce qui doit se passer en aval de la production. La logistique, l’attraction, la connaissance et la fidélisation du client, le marketing, les invendus, etc. Produire est déjà extrêmement exigeant pour les fermiers et les artisans. Beaucoup de rêveurs ont pensé qu’il suffisait d’apparaître pour qu’il y ait un processus de génération spontanée et durable de clients fidèles.

Il y a clairement un besoin de réorganisation et de professionnalisation pour raccourcir le trajet du producteur à l’assiette pour une masse de clients. Et cela vaut la peine … Soutenons-les !


 

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