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L'étrange maladie de Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos

L'étrange maladie de Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos
 
 

Rescapé d'une maladie du sang qui l'a contraint à une longue hospitalisation et une greffe, le chanteur Mathias Malzieu raconte son aventure "extra-terrestre" dans un livre et des chansons concoctées avec ses camarades du groupe Dionysos.


Aplasie médullaire idiopathique

En novembre 2013, le lutin roux du rock français a l'impression de se transformer en "vampire". Il découvre qu'il souffre d'une aplasie médullaire idiopathique, une maladie rare qui fait que ses cellules sanguines sont détruites par ses propres anticorps: il a désormais besoin de transfusions régulières pour survivre. Commence alors une année consacrée à combattre la maladie, avec plusieurs hospitalisations dont deux longs séjours en chambre stérile, coupé du monde réel, avec seulement une guitare, un ukulélé, un piano-jouet et un vélo d'appartement pour ne pas sombrer.


Une greffe de sang neuf

Pour retrouver une vie "normale", il faudra en passer par une "renaissance" grâce à une greffe de "sang neuf" provenant d'un cordon ombilical, permettant au chanteur de se reconstituer une moelle osseuse saine. Cette aventure "extra-terrestre", Mathias Malzieu la raconte sans pathos dans son "Journal d'un vampire en pyjama", qui paraît mercredi (Albin Michel). Et la chante en parallèle dans le huitième album de son groupe Dionysos, "Vampire en pyjama" (Columbia/Sony) qui sort vendredi.


"J'ai été obligé de puiser dans ce qui me rend heureux: la création, la musique, l'écriture..."

Écrire et composer lui ont permis de traverser les périodes de doutes, notamment dans ces chambres stériles où il se sent comme "un otage", malgré les attentions des équipes soignantes qu'il remercie dans le livret du disque. "T'as pas la lumière au fond du tunnel, du coup il faut se la créer à l'intérieur de la tête. J'ai été obligé de puiser dans ce qui me rend heureux: la création, la musique, l'écriture...", explique Mathias Malzieu, qui reçoit l'AFP dans son appartement parisien aux allures de cabinet de curiosités avec peluches, figurines de "Star Wars", planches de skate transformées en étagères et sièges en forme d'oeufs.


Plusieurs des douze chansons de l'album sont nées à l'hôpital

L'imagination, ça tombe bien, le chanteur, écrivain et réalisateur n'en manque pas, comme en témoignent depuis 20 ans les chansons de Dionysos peuplées de créatures oniriques dignes d'un Tim Burton. Cette fois-ci, il a inventé une belle mais inquiétante "Dame Oclès" qui le défie sur son lit d'hôpital. Plusieurs des douze chansons de l'album sont nées à l'hôpital. Ils les a enregistrées en studio en guitare-voix juste avant sa délicate greffe et les a laissées à ses camarades de Dionysos. Et c'est depuis sa "base lunaire" stérile qu'il a les a peu à peu entendues prendre forme sans lui. "C'est très intime, mais je n'avais pas envie de faire un projet solo. Ils ont répondu présents et finalement, c'est le disque le plus Dionysos de tous", relève le chanteur, qui, dans la chanson titre, confie avoir "changé de groupe sanguin, mais pas de groupe de copains".

"Pour nous, c'était une façon de garder une connexion malgré la maladie", souligne Elisabet Maistre, chanteuse et multi-instrumentiste du groupe. "Dans cet album, tout est lié à l'hôpital, même la reprise de 'I Follow Rivers' (de Likke Li) qui était une chanson que Mathias jouait pour les infirmières", ajoute "Babet". A l'image du livre, dont le ton reste léger malgré les coups de blues, les mélodies se veulent aussi enlevées et fidèles à l'esprit "western" du groupe. Mais l'hôpital et la maladie sont palpables dans les textes, les titres ou dans l'ambiance d'"Hospital Blues" évoquant les sons des machines médicales.


Il ne doit plus prendre que trois médicaments au lieu de dix-sept au début

Quinze mois après sa greffe, Mathias Malzieu est en forme, se réjouit de ne plus prendre que trois médicaments au lieu de dix-sept au début, mais son système sanguin reste celui d'un "bébé". Ce qui ne va pas l'empêcher de repartir fin mars en tournée avec Dionysos. Avec le souhait de canaliser davantage son énergie débordante. La maladie n'y est pour rien, assure-t-il. Plutôt une envie, à 40 ans passés, de laisser tomber ses aspirations de super-héros pour se "déguiser en moi".


 

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