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L'auteur Sorj Chalandon révèle la terrible histoire que lui cachait son père: "La vérité sur lui est au-delà de ce que j'imaginais" (vidéo)

L'auteur Sorj Chalandon révèle la terrible histoire que lui cachait son père: "La vérité sur lui est au-delà de ce que j'imaginais"
© RTL INFO
 
 

L'écrivain français Sorj Chalandon était l'invité du RTL INFO avec Vous afin de présenter son dixième livre Enfant de salaud, publié chez Grasset. Cet ouvrage très personnel fait partie des incontournables de la rentrée littéraire.

Un jour de 1962, Sorj Chalandon a 10 ans. Son grand-père lui lâche cette phrase: "Ton père, pendant la guerre, il était du mauvais côté (…) Je l’ai même vu habillé en Allemand. Il fait qu’il sache que c’est un enfant de salaud".

Jusqu’à très tard, c’est la seule chose que sait sur son père durant la Seconde Guerre mondiale. "Mon grand-père m'a dit ça en répondant au fait que mon père m'a toujours dit qu'il était un grand résistant. C'est à force de m'entendre raconter les exploits qu'il me racontait dans la résistance qu'un jour mon grand-père en a marre et me dit: écoute, arrêtons avec ce qu'il te raconte. Moi, je vais te dire. Il était du mauvais coté", raconte l'auteur.

Quand son grand-père lui dit ça, il a tout à coup un doute et répète ces mots à son père. "Ça a eu deux conséquences. La première, est qu'il m'a expliqué que lorsqu'on est dans la résistance, on est parfois habillé en Allemand pour tromper l'ennemi justement. La deuxième conséquence est qu'on a rompu définitivement avec mes grands-parents", poursuit l'écrivain.

"Dès qu'il a su que cette phrase avait été prononcée par son propre père. On ne l'a plus jamais revu", ajoute-t-il.

Sorj Chalandon confie ne pas avoir poussé les recherches par peur de son père. "J'avais plus peur de sa réaction que de découvrir la vérité. Chaque soir, quand je me couchais, il me racontait une histoire de résistance. Comment il avait fait dérailler un train, etc. Mon père ce héros. Comment je peux dire à ce père-là, papa, je ne te crois pas. Donc je me tais, mais je doute".

"Je découvre la vérité sur mon père"

Mais un jour, la vérité éclate, car le frère de Sorj Chalandon avait gardé des vieilleries. Il retrouve des photos, mais aussi un extrait de casier judiciaire de son père... "J'apprends qu'il était en prison, qu'il y a un dossier sur lui aux Archives départementales du nord".

Sorj Chalandon les contacte et reçoit les fameux documents. "Et là, je découvre la vérité sur mon père. Et qui est au-delà de ce que j'imaginais".

Mais jusqu'au bout, son père a nié.

Le "salaud" de son titre ne signifie pas collaborateur, car selon l'auteur "personne ne peut dire ce qu'il aurait fait en temps de guerre". "Je ne me permettrais pas moi, son fils, de juger de sa vie et de sa position pendant la guerre (...) pour moi, le salaud, c'est l'homme qui m'a menti. C'est le papa qui a menti à son enfant toute sa vie". Ce que Sorj Chalandon trouve très grave est le fait qu'un père laisse son fils dans l'obscurité absolue sans savoir "ce qu'est la vérité, ce qu'est le mensonge. Je trouve ça dégueulasse".

C'est une ignominie

L'écrivain a construit son roman en mêlant deux histoires, celle de son père, mais aussi celle du procès de Klaus Barbie, criminel nazi, qu’il a couvert en tant que journaliste. L'officier de police SS était accusé de l’enlèvement de 44 enfants juifs et de cinq adultes du personnel d’encadrement de la colonie d’Izieu.

Aujourd’hui, en France, lors de manifestation contre le pass sanitaire, de nombreuses personnes utilisent les termes "collabos", on voit des "étoiles jaunes".

Pour Sorj Chalandon, faire cela est une ignominie. "Même quand des gens disent : 'moi je ne porte pas ça, j'ai juste une pancarte avec inscrit anti-vax'. Quand j'entends ça, je dis : 'oui, mais tu laisses défiler à côté de toi quelqu'un avec une étoile jaune avec écrit pass sanitaire, etc. Le seul fait que des gens acceptent de défiler à côté de ces gens-là, je ne parle même pas de ceux qui les portent, je trouve que c'est une ignominie absolue".

"Moi, au procès Barbie, il y a 44 enfants juifs à Izieu qui ont été déportés par Klaus Barbie. Ils se pensaient en sécurité dans une petite colonie de vacances et ils ont été déportés. Le plus jeune avait 4 ans. Eux portaient l'étoile jaune, l'étoile infamante. Quand je vois aujourd'hui des gens qu'on veut vacciner pour qu'ils s'en sortent et pour qu'ils vivent... On pense ce qu'on veut de Macron, mais comparer Macron à Hitler et que eux-mêmes se comparent aux enfants d'Izieu où à tous ces gens qui sont morts dans les camps, ça n'a même pas de mot".


 

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