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Jarry, homosexuel et père de deux enfants, est ému aux larmes en évoquant sa paternité: "C'est la plus belle chose au monde"

Jarry, homosexuel et père de deux enfants, est ému aux larmes en évoquant sa paternité: "C'est la plus belle chose au monde"
 
 

Humoriste, acteur, chroniqueur et désormais animateur, Jarry répondait aux questions de notre journaliste Alix Battard sur le plateau du RTLINFO Avec Vous. Depuis la rentrée, on le retrouve chaque jeudi à 21h25 sur Plug RTL dans le Jarry Show.

Dans cette émission, vous lancez des défis aux invités, vous les faites voyager dans plusieurs pièces. Il y a même une salle de voyance. D’où vous viennent toutes ces idées ?

Au moment du premier confinement en France, j’ai passé les deux premières semaines avec mes enfants et pour leur sécurité, j’ai senti qu’il fallait que je trouve une occupation. J’ai des jumeaux de 4 ans et demi donc les gens peuvent se rendre compte qu’au quotidien, c’était très compliqué. Donc, j’ai eu l’idée de m’occuper et de m’isoler dans une pièce fermée. Ils ont appris plein de choses : bricolage, cuisine… Les gens quand ils me croisent dans la rue, ils me disent souvent "est-ce qu’Arthur est gentil ?", "est-ce qu’Antoine est gentil", etc. Du coup je me suis dit que j’allais inviter des VIP pour s’intéresser à l’humain. Je n’avais pas envie de parler de la promo mais de qui ils sont.

C’était à distance au départ et c’est devenu une vraie émission de télé. Est-ce que toutes les personnalités jouent le jeu de ces interviews décalées ? Est-ce que vous choisissez vos invités en fonction de leur potentiel comique ou vous espérez vous faire surprendre par certaines personnes ?

Je ne fais pas de sélection. Tous ceux qui veulent venir sont les bienvenus. Après certains me disent ‘écoute Jarry, je ne me sens pas de me livrer ou de me mettre un ballon sur la tête pour faire des bêtises avec toi. Donc ça je le respecte. Mais souvent je suis très surpris par les gens. Souvent ils sont beaucoup plus fous que moi. Parce que moi je dois quand même mener une interview.

Comme vous posez des questions hyper perso à tout le monde, moi aussi je peux vous poser des questions hyper perso ?

Je vous y invite.

Il parait que vous êtes né prématurément à la suite d’un accident de voiture ?

Oui. Ma maman… J’allais dire ma femme. C’est improbable de dire cette phrase venant de moi. Je l’aurais dite au moins une fois. Ma mère était enceinte de 7 mois. Elle a eu un accident de voiture. Le mec lui a dit "tu ne sais pas conduire grosse conne" et là je suis né. Elle a perdu les eaux.

Vos enfants vous ont inspiré une bande dessinée qui s’appelle "Jarry et ses enfants". Vous racontez de manière un peu décalée votre quotidien…

Mais c’est des vraies histoires hein ! Tout est vrai. Quand mon fils me dit "pourquoi papa mon kiki grandit ?". Il est neuf heure du matin, je ne suis absolument pas préparé à cette question. Je lui dis "parce que tu mens".

Vous pensiez ne jamais avoir d’enfants ? Vous êtes homosexuel, vous le dites…

Oui, surtout ça se voit. On ne se dit pas celui-là il abat des arbres. Ou alors c’est petits arbrisseaux.

Ça c’est une vraie question. Ça va m’émouvoir forcément… Quand j’ai découvert mon homosexualité, ça a été quelque chose de très compliqué d’enterrer le fait d’être papa parce que j’ai des souvenirs de moi où dès l’enfance je m’entraîne à être papa en jouant au papa et à la maman. Je m’entraîne à dire "va au coin, tu es puni", etc. Et quand j’ai décidé d’être profondément ce que j’étais pour être heureux…

Vous aviez crû que vous alliez devoir renoncer à la paternité ?

Je l’ai enterrée. Et en fait, vers 30, 35 ans, tous mes amis ont commencé à devenir papa. A chaque fois ils me disaient ‘t’aurais été un super papa’. Et à un moment donné je me suis dit "si je ne suis pas papa je n’aurais pas réalisé la chose la plus importante pour moi au monde". J’ai voulu adopter. Je me suis rendu compte que l’adoption en France, c’était extrêmement compliqué pour les homosexuels. Il y a moins de 5 cas par an. Je me suis dit "il faut que je me batte pour devenir papa". Et j’ai fait cette GPA (gestation pour autrui, Ndlr), par mère porteuse. Et aujourd’hui quand je rentre chez moi, que j’ouvre la porte et que j’entends ‘papa’, je ne sais pas comment vous dire mais c’est la plus belle chose au monde. C’est magnifique.

C’est gai de sentir votre émotion. Ça donne un exemple positif pour tous les couples homosexuels qui se disent "c’est pas possible"...

En fait… je voudrais juste dire que tous les homosexuels n’ont pas envie d’être papa mais quand c’est quelque chose qui est en vous et vous sentez que cette chose-là elle peut vous faire souffrir, vous vous battez pour ça et aujourd'hui de voir qu’il y a des gens qui prennent du temps et de l’énergie pour nous empêcher d’être papa, c’est quelque chose qui m’affecte énormément. Quand on voit le nombre d’enfants qui attendent d’être adoptés… Je ne connais pas la situation en Belgique mais vous avez toujours été en avance sur nous sur ces questions-là. Mais de voir qu’en France, je peux déchaîner la haine parce que je suis devenu papa...

C’est ce que vous vivez ?

Sur dix personnes, il y en a 8 qui vont me dire bravo et 2 qui vont me dire "espèce de pédophile" parce qu’ils associent l’homosexualité à la pédophilie. Il suffit d’une personne pour vous nuire. Dans ma vie, je ne veux voir que ce qui nous réunit et ce qui fait qu’on peut vivre ensemble. Moi je reçois tous les jours de courriers de gens sur les réseaux sociaux "j’ai envie d’être papa et j’ai l’impression que j’y ai pas le droit parce que je suis homosexuel".

Vous êtes un exemple pour eux ?

Je ne sais pas si je suis un exemple mais en tout cas je sais que moi je n'aurais pas pu être heureux dans ma vie sans entendre ce mot magique qui est papa.

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