Les débats ont été agités vendredi à Nanterre sur la compétence de la justice française pour trancher la bataille sur l'héritage de Johnny Hallyday qui oppose ses aînés et sa veuve. Depuis un an, Laura Smet et David Hallyday ont engagé une série de procédures pour contester le testament de leur père, décédé en décembre 2017, qui désigne comme seules héritières de l'ensemble de son patrimoine sa dernière épouse, Laeticia, et leurs deux filles Jade et Joy.
La question au coeur de ce dossier qui divise la famille depuis des mois: quel droit doit s'appliquer à l'héritage du rockeur -Jean-Philippe Smet à la ville- qui a partagé sa vie entre la France et les Etats-Unis?
Pour les deux aînés, ce sont les règles françaises qui priment. Pour la veuve du chanteur, la loi californienne, en vertu de laquelle le testament a été rédigé.
Avant même tout débat devant le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, les avocats de Laeticia Hallyday avaient soulevé une question de procédure, estimant que ce n'est pas à un tribunal français mais à une juridiction américaine, qu'il revient de trancher le litige.
C'est donc sur sa propre compétence que le tribunal a entendu ce vendredi les avocats des deux parties. La décision devrait être rendue dans les deux mois, a précisé la présidente en préambule.
Les avocats, qui ont commencé à plaider en début d'après-midi, se sont notamment attachés à démontrer quelle était la "résidence habituelle" de la star. Selon l'avocat de Laeticia, cité par de nombreuses sources, Johnny Hallyday souhaitait demander la nationalité américaine: "S'il n'était pas mort, il l'aurait demandé". Et de décompter les jours passés aux Etats-Unis, de citer les articles de presse où le Taulier évoque la "douceur de la Californie", "la maison du bonheur", etc...
Selon l'avocat de Laeticia, Arnaud Aboul, Johnny ne venait en France que pour "des raisons professionnelles mais avait le centre de ses intérêts aux USA".
Et de surenchérir qu'"il préférait les USA pour sa tranquillité".
Pour Maître Ravanas, l'avocat de Laura et David, "les aînés ont été interdits de voir leur père dans les derniers jours avant sa mort et ont appris l'existence d'un testament grâce à RTL".
Et de prouver l'attachement du rockeur à la France: "Johnny Hallyday c’est une part de la France, c’est un destin français !". Et de ressortir l’interview de Laeticia au Point "quand j’ai épousé Johnny; j’ai épousé la France, la Tour Eiffel".
Et d'évoquer les biens du chanteur: "A moins d’un certain strabisme et d’incompétence géographique, St Barth est bien en France et Marnes-la-Coquette aussi. Et toutes ses redevances et royalties venaient de France."
Aussi Maître Ravanas rappelle que 90% de la musique de Johnny Hallyday était vendue en France. "La part des USA là dedans était proche de zéro".
Selon la règlementation européenne, le juge doit en effet procéder à une évaluation d'ensemble de la vie du défunt au cours des années précédant son décès et au moment de son décès. "La résidence habituelle ainsi déterminée devrait révéler un lien étroit et stable avec l'Etat concerné", avait préalablement souligné le tribunal dans un communiqué.
Si le tribunal se déclare incompétent, une autre procédure devra être engagée aux Etats-Unis. Au contraire, si la juridiction se saisit du dossier, cette décision donnera le ton pour le débat suivant qui devra déterminer quelle législation doit s'appliquer à l'héritage.
Au total, le patrimoine de Johnny Hallyday, décédé à 74 ans des suites d'un cancer, représenterait plusieurs dizaines de millions d'euros. Il est composé de propriétés, voitures de luxe, des droits issus de 1.160 chansons et des royalties de ses albums, notamment l'album posthume "Mon pays c'est l'amour", qui s'est écoulé à plus de 1,4 million d'exemplaires (5e meilleure vente mondiale d'albums en 2018).
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