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Annie Leibovitz, la portraitiste star des grands de ce monde

 
 

Ses portraits de la reine Elisabeth ou de Kim Kardashian l'ont rendue aussi célèbre que ses modèles: la photographe star Annie Leibovitz fait son entrée mercredi à l'Académie des Beaux-arts en France.

L'Américaine a toute sa vie immortalisé les grands de ce monde - sportifs, acteurs, personnalités politiques - dans des mises en scène stylisées éclipsant un versant plus personnel de son oeuvre.

Elle fit sensation en 1980 avec sa photo de John Lennon nu, enlaçant sa compagne Yoko Ono.

Prise quelques heures avant l'assassinat de l'ex-Beatles, la photo fait le tour du monde. Ce cliché "n'existe que parce que je les connaissais depuis dix ans. Une photo, c'est toujours un processus", confiait en 2017 cette grande perfectionniste au magazine M du Monde.

Née le 2 octobre 1949 au sein d'une famille de six enfants, la photographe originaire du Connecticut (nord-est) découvre sa vocation quand sa mère lui offre son premier appareil.

Avant de devenir la portraitiste attitrée des stars, elle débute, à la fin des années 1960, avec des reportages pour le magazine Rolling Stone. Elle en deviendra plus tard la responsable photo.

La photojournaliste fera plus de 140 fois la Une du magazine. Avec son objectif, elle pénètre dans l'intimité de ses sujets, comme les Rolling Stones qu'elle suit lors de leur tournée mondiale en 1975, immortalisant les concerts mais aussi les coulisses, les suivant jusque dans leurs chambres d'hôtel.

Si les artistes sont déjà omniprésents, ses clichés témoignent aussi de l'atmosphère des années 1970: manifestations contre la guerre du Vietnam, campagnes électorales...

Elle couche aussi sur la pellicule des hommes politiques et sera la seule à saisir Richard Nixon quittant la Maison Blanche en hélicoptère après sa démission en 1974.

"On avait parqué les autres journalistes dans un coin, j'étais au bon endroit", se remémore-t-elle. Sa tactique : "Chercher la photo que personne ne prenait".

En 1983, elle quitte Rolling Stone pour Vanity Fair (groupe Condé Nast) et offre un écrin aux stars qu'elle sublime, de Demi Moore nue et enceinte à Arnold Schwarzenegger en haut d'une montagne.

Elle photographie également tous les ans les acteurs du moment dans un numéro spécial Hollywood, plus glamour que jamais.

- "Point de vue" -

"Comme journaliste, on doit être objectif, comme portraitiste je peux donner mon point de vue, mes photos sont plus fortes", expliquera-t-elle.

Réputée pour ses mises en scène extravagantes, elle plonge l'actrice noire Whoopi Goldberg dans un bain de lait ou fait fermer le château de Versailles pour immortaliser l'actrice Kirsten Dunst en Marie-Antoinette.

Une folie des grandeurs qui a failli causer sa perte: en 2009, elle se retrouve au bord de la faillite avec une dette de 24 millions de dollars. Ses archives photo sont alors estimées à 50 millions de dollars.

Un accord est trouvé in extremis mais la presse fait ses choux gras du train de vie de la photographe, compagne de l'écrivaine Susan Sontag, autre enfant chérie de l'intelligentsia new-yorkaise, décédée en 2004.

"Les questions budgétaires ne l'effleurent même pas mais, au final, elle vous rend une image que personne d'autre n'arrive à réaliser", estimait dans un documentaire la rédactrice en chef du Vogue américain Anna Wintour, qui doit lui remettre mercredi son épée d'académicienne.

En 1998, Annie Leibovitz entame une collaboration avec le magazine Vogue, autre fleuron du groupe Condé Nast.

En parallèle, elle mène une série de projets plus personnels comme "Women", où elle tire le portrait de femmes célèbres et de ses proches, comme sa mère Marilyn et ses trois filles: Sarah (qu'elle a eu à 51 ans) et les jumelles Samuelle et Susan, nées par mère porteuse.

"Je n’ai pas deux vies. Il s’agit d’une seule et même vie qui comporte des photos personnelles et des commandes", souligne la photographe qui a aussi effectué un reportage à Sarajevo au début des années 90 et capturé le New York de l'après 11 septembre.


 

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