L'Egypte a nié dimanche avoir interdit l'entrée sur son territoire de l'avocate Amal Clooney, qui a affirmé au quotidien The Guardian avoir été menacée d'arrestation en février 2014 alors qu'elle s'apprêtait à publier un rapport critique sur le système judiciaire égyptien.
"Les autorités égyptiennes n'ont pas empêché Mme Clooney de venir en Egypte, il n'y a aucune mesure faisant obstacle à sa venue, rien n'empêche son entrée à n'importe quel moment", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué rapporté par l'agence de presse officielle Mena. Amal Clooney, devenue depuis l'avocate de l'un des journalistes d'Al-Jazeera emprisonnés au Caire, avançait dans ce rapport, rendu public pour le compte de l'Association internationale du barreau, que la justice égyptienne devait gagner en indépendance.
Menacée d'arrestation
"Au moment de publier le rapport, ils ont commencé par nous interdire de le faire au Caire. Ils ont demandé: "Est-ce que le rapport critique l'armée, la justice ou le gouvernement?" On a répondu: "Oui". "Dans ce cas, vous risquez d'être arrêtés", ont-ils dit alors", a affirmé l'avocate britannique, dans une interview samedi au Guardian.
"Elle devrait dire exactement qui lui a dit cela, pourquoi ne pas préciser dès le début qui lui a dit cela ?" a demandé à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Hani Abdel Latif, ajoutant: "Nous n'avons rien contre elle". Le rapport avait finalement été rendu public le 10 février à Londres.
Chargée de la défense d'un journaliste d'Al-Jazeera
Mme Clooney a donné son interview après que la justice égyptienne a ordonné jeudi un nouveau procès pour trois journalistes d'Al-Jazeera emprisonnés en Egypte depuis un an. Condamnés à des peines entre sept et dix ans de prison, l'Egypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy, que défend Amal Clooney, l'Australien Peter Greste et l'Egyptien Baher Mohamed, sont accusés de soutien à la confrérie islamiste des Frères musulmans et restent en détention pour le moment.
Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme accusent régulièrement le président Abdel-Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui a destitué en juillet 2013 l'islamiste Mohamed Morsi, d'avoir instauré un régime plus autoritaire encore que celui de Hosni Moubarak, renversé en 2011 par un soulèvement populaire.
Depuis l'été 2013, au moins 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués et plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés, des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente".
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