Klaxons, immenses drapeaux américains et la star de la pop Lady Gaga en invitée: à la veille de la présidentielle, Joe Biden a cherché, dans le bastion ouvrier de Pittsburgh, à donner un air de grand spectacle au dernier soir de sa campagne largement bridée par la pandémie de Covid-19.
"Le pouvoir est entre vos mains, Pennsylvanie !", a lancé lundi soir le candidat démocrate aux centaines de spectateurs rassemblés, pour un meeting en "drive-in", dans cet Etat-clé pour le scrutin qui l'oppose à Donald Trump.
"Il est temps de se relever et de reprendre notre démocratie", a ajouté Joe Biden, 77 ans, provoquant un concert de klaxons aux pieds du stade de la grande équipe de football américain des Steelers de Pittsburgh.
Dans le froid mordant, il a repris la ligne directrice de sa campagne depuis ses débuts, en 2019: "C'est une bataille pour l'âme de la nation".
Portant un sweat-shirt blanc marqué du nom de "Joe", Lady Gaga l'a écouté et applaudi dans l'ombre, restée sur la petite scène où elle venait de donner un court concert en soutien, chaleureux, au septuagénaire.
"J'enlève mes gants parce que c'est un combat, un combat pour ce en quoi vous croyez", a lancé aux spectateurs la chanteuse américaine devant son piano blanc, avant d'entamer son tube "Shallow".
"Vous savez que peu importe qui gagnera demain, nous allons devoir avancer ensemble. Demain doit être une journée pacifique", a exhorté la jeune femme, alors que les tensions sont à vif aux Etats-Unis. Et qu'elle a été très critiquée par l'équipe Trump pour son opposition à la fracturation hydraulique (fracking), un secteur important en Pennsylvanie.
En 2016, la star avait aussi clôturé la campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton... qui avait perdu contre Donald Trump.
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"Drive-in", emblème de Biden
"On de l'espoir, c'est pour ça qu'on est là", lance Jamie Scafuri, en dansant sur le parking. "On espère que c'est la fin de l'ère Trump", ajoute cette jeune coiffeuse de 26 ans, venue avec ses amies.
Ces meetings en "drive-in" sont devenus l'emblème de la campagne du démocrate, respectant scrupuleusement les gestes barrières contre le Covid-19 qui a déjà fait plus de 230.000 morts aux Etats-Unis.
Mais malgré tous les efforts démocrates pour monter un spectacle ressemblant, un peu, aux grandes soirées de fin de campagne traditionnelles, les voitures garées à distance, les spectateurs clairsemés et les rares journalistes autorisés à entrer n'y trompent pas: la pandémie a bouleversé, en 2020, le visage de la politique américaine.
"Restez près de vos voitures!" Les consignes lancées aux fans qui se précipitent à l'arrivée de Lady Gaga sur scène sonnent loin, très loin, des meetings de Donald Trump qui rassemblent à chaque fois des centaines de partisans, très souvent sans masques.
Mais les supporteurs de Joe Biden soutiennent ici ses choix "responsables".
Joe Biden "est pour la science, pour la santé (...) alors c'est logique qu'il veuille protéger ses concitoyens", explique Katie Soulen, 32 ans et propriétaire du salon de coiffure où elle travaille avec Jamie Scafuri.
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Trump "s'en fiche" de nous
C'est aussi à Pittsburgh mais dans le décor bien plus sobre d'une petite antenne syndicale que Joe Biden avait donné son premier discours de campagne pour la primaire démocrate, en avril 2019.
Et déjà, dans ce berceau de l'industrie sidérurgique américaine, aujourd'hui en partie reconverti dans la high-tech, il le disait: une victoire contre le républicain devrait impérativement passer par "ici", la Pennsylvanie.
Joe Biden a une légère avance dans les sondages de cet Etat-pivot, que Donald Trump avait remporté par moins de un point de pourcentage (0,7 point) en 2016. Mais les scores se sont resserrés ces derniers jours et après la victoire choc il y a quatre ans du milliardaire, les démocrates ne sont pas sereins.
Mais Bob Wilson, "né et élevé ici" à Pittsburgh, croit en la défaite du président républicain.
"Nous allons l'écraser dans tous les Etats", assure cet ancien camionneur de 68 ans, aujourd'hui responsable syndical et venu voir Joe Biden sur le grand parking du stade Heinz Field, du nom de la société fondée ici au XIXe siècle.
Donald Trump "n'est pas qualifié. Il s'en fiche de nous", affirme-t-il derrière son masque. "Il se fiche de tout le monde sauf de lui."
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