Des dizaines de manifestants se sont rassemblés mercredi à Douma, près de Damas, pour demander des réponses sur le sort de quatre militants disparus il y a onze ans dans cette localité qui était contrôlée par des rebelles.
La zone semi-urbaine densément peuplée à l'est de Damas avait été reprise aux ex-factions rebelles et jihadistes par le régime du président renversé Bachar al-Assad en 2018, après un siège long et sanglant.
Une foule silencieuse brandissait des photos avec l'inscription "Où sont-ils ?" et "Liberté" pour interpeller les nouvelles autorités sur le sort de leurs proches.
Le sort de dizaines de milliers de prisonniers et disparus constitue l'un des aspects les plus douloureux du drame syrien, dans un pays déchiré par plus de 13 ans d'une guerre civile qui a fait plus d'un demi-million de morts.
"Nous sommes ici parce que nous voulons connaître la vérité complète sur deux femmes et deux hommes disparus de cet endroit il y a 11 ans et 22 jours", a déclaré à l'AFP Yassin Haj Saleh, époux de Samira Khalil, une militante de longue date qui travaillait à Douma.
Samira Khalil a été enlevée avec Razane Zeitouné, Waël Hamada et Nazem al-Hamadi en décembre 2013 par des assaillants non identifiés, alors qu'ils se trouvaient dans les bureaux de leur organisation de défense des droits de l'homme à Douma.
Surnommés depuis les "Quatre de Douma", ces militants avaient joué un rôle essentiel dans le soulèvement de 2011 contre Bachar al-Assad, dont la répression a déclenché la guerre civile.
Ils documentaient également les exactions du groupe salafiste Jaich al-Islam dans la ville qui avait été prise en 2012 par les rebelles.
- "Refermer nos plaies" -
"Nous avons suffisamment d'indices pour accuser le groupe Jaich al-Islam, et nous avons des noms de suspects que nous souhaitons voir faire l'objet d'une enquête par une autorité compétente", a poursuivi Yassin Haj Saleh.
Aucune partie n'a revendiqué leur enlèvement et aucune information n'a depuis filtré à leur sujet.
"Nous sommes ici parce que nous voulons la vérité sur leur sort et la justice pour eux, afin de pouvoir refermer nos plaies", a déclaré à l'AFP Alaa al-Merhi, la nièce de Samira Khalil, devant les bureaux de son ONG, transformés en magasin d'électroménager.
Une manifestation en pleine rue était impensable il y a encore un mois à Douma, ancien bastion rebelle qui a payé le prix fort de son soulèvement contre le pouvoir de Bachar al-Assad, renversé par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) le 8 décembre.
Les cicatrices du conflit sont visibles partout, dans la ville aux bâtiments en ruines, en proie à une extrême pauvreté.
La guerre en Syrie a opposé de multiples belligérants, tous accusés d'enlèvements: le pouvoir renversé, mais aussi les ex-rebelles ou encore les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
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